Les constructeurs d'engins aéronautiques luxembourgeois
Dès le début du XXème siècle les luxembourgeois, fascinés par l'aviation, ont construit des aéronefs. Au début du siècle la production de machines volantes se faisait sur base d'essais avec des matériaux disponibles provenant d'autres machines. Pour la construction d'un avion on utilisait par exemple des tuyaux de plomberie pour la structure, de la toile pour les ailes et l'empennage, le moteur provenait d'un automobile ou d'une machine à vapeur, les roues d'une motocyclette ou d'un vélo.
Lors de la création de l'Aéro-Club luxembourgeois en 1909 plusieurs personnes à Luxembourg avaient déjà construit un aéronef, entre autres les frères Hilbert d'Ellange avec l'aide du bijoutier Schanen et les frères Feidt et le menuisier Stranen de Troisvierges. Le groupe Lauff, Collart, Faber, Michel et Funck avait présenté une construction très réussie suivant l'avis des experts de l'époque. Beaucoup d'autres avaient leurs plans de construction, tels M. Ernster professeur à l'Ecole des Arts et Métiers et M. Brimeyer, ferronier à Bonnevoie. Les essais étaient souvent décourageant, mais on continuait. Jack Muller, émigrant luxembourgeois aux Etats Unis, a fondé début du siècle sa propre société "Jack Muller Aeronautical Entreprises". Il s'était lancé dans la construction d'aéronefs et avait même enregistré des droits d'auteur pour une hélice qu'il avait développée.
Dans les années 1930 Alfred Bix de Rumelange avait construit avec succès un planeur et les frères Muller de Kleinbettingen avait mis trois ans pour construire leur avion pour devoir le rendre inutilisable à la veille de la deuxième guerre mondiale. L'ingénieur français Mignet avait inventé en 1934 un petit avion nommé "Pou du Ciel" présenté au salon aéronautique du Bourget. Son rêve était de permettre à tout et chacun de construire son avion pour un prix modique. A la veille de la deuxième guerre mondiale 400 avions de ce type volaient en Europe. M. Eydt à Luxembourg et M. Scholtes à Esch avaient acquis les plans et construit leur propre pou du ciel. Les avions étaient exposés à l'occasion d'une exposition d'aviation organisée par l'Aéro-Club du Luxembourg en mars 1936.
Les progrès aéronautiques après la deuxième guerre mondiale se traduisaient en une production industrielle accrue d'avions de tourisme. Les modèles vendus dès la fin des années 1940 coûtaient environ 4.000 à 5.000 Dollars US. Dans les années 1960 l'idée germa de vendre des kits pour la construction d'avions. Beaucoup de pilotes à Luxembourg étaient fascinés par le fait de pouvoir construire soi-même son avion. Le nombre important d'heures de travail nécessaire pour réaliser le projet démontre la passion de ces pilotes. Le premier avion "construction amateur" qui a volé à Luxembourg après la deuxième guerre mondiale était l'avion LX-BSM de Beppino Garratti le 12 avril 1975. Jos Winandy, qui avait acquis beaucoup d'expérience par la restauration d'avions, a suivi des cours à Paris pour apprendre à travailler avec des matériaux composites et fibres de verre pour pouvoir construire un Rutan Cosy III, dont il avait acquis les plans. Les composantes de l'avion étaient fabriqués dans un atelier à Verdun en coopération avec les membres du "Réseau du Sport Aérien", affilié au Centre des Composites de France. La finition et l'assemblage des parties se faisait à Luxembourg. L'été 2008 a vu dans les airs de Luxembourg le LX-INT, dont la décoration rappelle Le Petit Prince d'Antoine de Saint Exupéry.
Une vingtaine de pilotes a construit des avions à ce jour et Jean Leesch, le premier pilote privé luxembourgeois à obtenir une licence pour voler des hélicoptères, a même construit son propre hélicoptère dans les années 1990. Le fait que les aéronefs «construction amateur» doivent passer les mêmes contrôles très strictes en vue d'obtenir un certificat de navigabilité démontre la qualité du travail de nos constructeurs d'avions. En 1980 a été fondée l'association GRAAL (Groupement des réalisateurs amateur d'appareils aéronautiques et aérospatiaux luxembourgeois). L'association permet non seulement à ses membres d'échanger leurs idées et de s'aider mutuellement, mais elle cherche également à documenter l'histoire des constructeurs aéronautiques luxembourgeois.
L'intérêt pour les choses de l'air a également attiré les luxembourgeois vers la profession d'ingénieur en aéronautique. Au début du siècle le premier pilote luxembourgeois Vincent Wiesenbach a travaillé pour les frères Wright au Mans et il a réalisé quelques améliorations importantes au niveau du train d'atterrissage des avions de l'époque. Un autre pionnier Fred Welter a travaillé à Munich avec un groupement de constructeurs de l'université de Munich. A son retour à Luxembourg il a utilisé ses connaissances pour remettre en état et améliorer les avions des clubs d'aviation. Professeur à l'Ecole des Arts des Métiers il s'est engagé pour des cours de constructeur d'avions à cette école de Luxembourg en 1937. Son neveu Tom à son tour deviendra ingénieur en aéronautique et travaillera pour la société Boeing à Seattle avant de revenir à Luxembourg. Tom Welter a également construit son propre avion à partir d'un kit anglais.
Le 13 décembre 1975 le luxembourgeois Jean Roeder a été nommé directeur technique d'Airbus Industrie à Toulouse. La carrière de l'ingénieur en aéronautique avait commencé en 1962 quand il était devenu "Projektingenieur" chez Weserflugzeugbau GmbH, Bremen.